La justice suédoise ordonne l'arrestation du porte-parole de WikiLeaks

Le Monde

La justice suédoise a ordonné, jeudi 18 novembre, l'arrestation de Julian Assange, cofondateur du site WikiLeaks, spécialisé dans la publication de documents confidentiels, dans le cadre d'une enquête pour viol.



"Nous avons décidé de l'arrêter in absentia", a déclaré le juge Alan Camitz, du tribunal de Stockholm. Cette procédure équivaut à un mandat d'arrêt. "A la suite de cette décision de la cour, un mandat d'arrêt international va être lancé", a annoncé dans la foulée le parquet, qui soupçonne M. Assange "de viol et d'agression sexuelle""Enfin. Cela  aurait dû être fait plus tôt", a réagi Claes Borgström, l'avocat des deux victimes présumées.
M. Assange est suspecté d'avoir contraint une jeune femme à avoir avec lui une relation sexuelle sans préservatif, pour laquelle elle était initalement consentante. Lorsque l'affaire avait été révélée par la presse suédoise, le cofondateur de WikiLeaks, qui a rendu publics le mois dernier des dizaines de milliers de rapports confidentiels de l'armée américaine en Afghanistan, avait dénoncé un coup monté, et accusé à mots voilés la CIA.
PERMIS DE SÉJOUR REFUSÉ EN SUÈDE
"Nous le rechercherons à l'international, via Interpol", a déclaré la procureure chargée du dossier, Marianne Ny. Elle a ajouté qu'elle ne savait pas quand le mandat d'arrêt international serait émis, mais que "ce devrait être bientôt"."L'enquête est arrivée à un point où il est impossible de poursuivre sans interroger M. Assange", a-t-elle expliqué.
Un temps recherché en août, puis blanchi quelques heures plus tard, M. Assange, citoyen australien de 39 ans, est finalement de nouveau sous le coup d'une enquête pour viol depuis le 1er septembre. Il a quitté la Suède en profitant de l'absence jusque-là de mandat d'arrêt.
Julian Assange avait fait une demande de permis de séjour en Suède, où il comptait s'installer pour faire bénéficier son organisation des lois sur la protection des sources très favorables de ce pays. Sa demande lui a été refusée en octobre, et M. Assange a depuis annoncé son intention de s'installer soit en Islande, soit en Suisse.
UNE "PERSÉCUTION" POUR LES AVOCATS D'ASSANGE
"Bien sûr qu'il nie toutes ces allégations (...), et nous ne pensons pas que demander son arrestation soit une mesure adaptée pour un simple interrogatoire", s'est insurgé l'avocat suédois de M. Assange, Björn Hurtig, soulignant qu'un interrogatoire pouvait être organisé de "plusieurs autres façons". La procureure a répondu avoir "épuisé toutes les procédures normales pour mettre en place un interrogatoire".
L'avocat britannique de M. Assange a accusé le parquet suédois de conduire "non une instruction mais une persécution". "Malgré son droit au silence, mon client a offert à plusieurs reprises d'être interrogé (...). Toutes ses offres ont été catégoriquement refusées par un procureur qui abuse de son pouvoir", déclare MeMark Stephens dans un communiqué posté sur Twitter avant la décision du tribunal de Stockholm.
Julian Assange, qui se trouvait jeudi matin en Grande-Bretagne selon son avocat et un collaborateur islandais, est d'accord pour répondre aux interrogations de la justice suédoise, mais pas n'importe quand car "il a son propre agenda et beaucoup de travail", a assuré Me Hurtig.

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