L'érotomane sur Meetic

LePost

Meetic (photo d'illustration).

Max PPP

Il y a 3 semaines, je me suis inscrite sur Meetic. J'ai commencé par mettre ma photo en ligne et regarder les quelques 84 pages d'hommes en recherche de rencontres, à 10 km à la ronde (quand je limite à 5 km alentours, j'ai 44 pages).

J'ai eu mes premières visites de profil. Mes premiers flashs aussi. En dehors du fait qu'on lance un ultra-sos à toute la population, qu'on averti mieux qu'en faisant la Une du journal local qu'on est seule et qu'on souhaite ne plus l'être, on peut observer à loisir tous les mecs du coin, les jauger, les juger...

Mesdames, si vous ne comprenez pas pourquoi jamais un inconnu ne vous offre des fleurs, c'est parce qu'il est sur Meetic !

Plutôt que de se laisser aller à la rencontre, tomber subitement amoureux et faire le premier pas, Monsieur passe une annonce pour récolter un rendez-vous.

Timidité, peur de l'échec, il camoufle de-ci de-là quelques défauts, se rend accrocheur, manie toutes les stratégies du langage jusqu'à ce qu'il ait son numéro de téléphone. Il fait sa cour à l'inconnue qu'il devine à peine et qu'il ne désire pas encore.

J'ai commencé par tomber amoureuse d'une photo, suite à un flash envoyé. Puis j'ai donné mon numéro. Nous avons conversé pendant plus d'une semaine sans se voir. Le feeling passe mais il faut dire que monsieur tate subtilement le terrain pour ne pas faillir. Et il y arrive.

Nous nous sommes rencontrés. Il ne ressemblait pas aux photos. Il avait dissimulé quelques points de sa personnalité. Je m'y attendais sans m'y attendre. Pourtant, après un café, nous sommes allés à pied jusqu'au parc voisin. Nous nous sommes assis sur un banc et nous avons flirté, là, sous le soleil.

Le temps s'est arrêté un instant. Nous ne voulions plus bouger. Moi, j'avais oublié. Oublié comme le désir d'un homme peut vous emporter.

Et oui, l'érotomane a son droit au plaisir, elle aussi ! Elle a le droit de vivre des relations amoureuses simples et agréables.

Nous nous sommes quittés. Chacun rentrant chez lui et puis, et puis, et puis...

Pourquoi moi plus qu'une autre puisque la question se posait maintenant de continuer ou pas notre relation ?

90000 adhérents sur Meetic ça fait une somme ! Difficile d'être fixé. En tout cas, j'ai compris que lui ne sait pas, que son désir est là pour plusieurs femmes, qu'il ne sait plus où il en est. Et moi non plus d'ailleurs....

J'ai retiré ma photo et décidé de ne plus faire de rencontre que je penserais amoureuse. Il me semble clairement que cet outil de communication  ne favorise ni la rencontre amoureuse, ni le romantisme.

http://www.lepost.fr/article/2010/08/31/2201920_l-erotomane-sur-meetic.html#xtor=RSS-30

DECLARATION DE JEAN-LUC DELARUE

Le féminin ne doit plus être une maladie honteuse dans le monde du travail

Le Monde

Brigitte Gresy, auteure du rapport préparatoire à la négociation avec les partenaires sociaux sur l'égalité professionnelle.


Notre confort était somme toute assez grand, aussi grand que notre impuissance à agir, bercés que nous étions par cette antienne bien connue des chiffres de l'inégalité salariale : 27 % en moyenne brute annuelle, écart ramené à 17 % en taux horaire, en prenant en compte le temps partiel. Mais voilà qu'une récente recherche ("Enfants, interruptions d'activité des femmes et écart de salaire entre les sexes", D. Meurs, A. Pailhé, S. Ponthieux, Revue de l'OFCE, juillet 2010) pointe une inégalité encore plus dérangeante : pour les quarantenaires, sans interruption de carrière, à diplôme et expérience équivalents, voire supérieurs pour les femmes, les hommes gagnent 17 % de plus que ces dernières, et 70 % de cet écart reste inexpliqué par les caractéristiques observables.


Nous voilà tout de go entrés dans l'ère du soupçon : les employeurs développeraient à l'égard des femmes un soupçon de moindre investissement professionnel à cause de leurs enfants et feraient peser à la baisse sur leur rémunération cette anticipation de moindre disponibilité ! Tant est fort le formatage de nos paysages mentaux par un système de représentations binaires dépassées : aux hommes, l'investissement professionnel, aux femmes, le confinement domestique.


Car, et c'est là le plus frappant, la différence des sexes n'a cessé d'être pensée et dite à l'aide de catégories binaires qui organisent une vision séparée des valeurs et caractéristiques présumées des deux sexes : ainsi s'opposent le dur et le mou, l'actif et le passif, la rigueur et l'empathie... et si d'autres civilisations, en Inde ou en Chine, attribuent au masculin le passif tant, pour eux, la maîtrise intérieure peut l'emporter sur la conquête du monde, l'actif auquel sont renvoyées les femmes devient dès lors symbole d'une agitation brouillonne et non d'un dynamisme créateur ! Car la constante est bien la dévalorisation de tout ce qui touche le féminin, et il y a bien une "valence différentielle des sexes" pour reprendre une expression de l'anthropologue Françoise Héritier. Une femme vaut moins qu'un homme sur le marché du travail. Et s'ensuit cette scandaleuse opposition pour une démocratie : nous sommes dans un pays qui sous-paye les personnes qui s'occupent de nos enfants, mais qui surpaye et survalorise les personnes qui s'occupent de notre argent.


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