Les Golden Globes décernés sur fond de controverse
Le Monde.fr
Los Angeles Correspondante - Sur la scène de l'Hôtel Beverly Hilton à Beverly Hills (Californie), dimanche 16 janvier, rien n'a filtré de la controverse qui entache la 68e édition des Golden Globes, les prix remis par la Hollywood Foreign Press Association (HFPA) - à l'exception d'une plaisanterie de Ricky Gervais, présentateur de la cérémonie, sur les votants qui acceptent des "pots-de-vin". Et les stars étaient là : Michael Douglas, Steven Spielberg, Jane Fonda, Annette Bening, Warren Beatty, Johnny Depp, Angelina Jolie, Brad Pitt, Nicole Kidman...
Si 6 000 membres de l'Académie votent aux Oscars, les Golden Globes sont attribués par seulement quatre-vingts journalistes publiés dans six continents, qui sont loin de représenter l'ensemble de la presse étrangère couvrant l'industrie du cinéma et Hollywood. Daniel Leconte, producteur du film Carlos, d'Olivier Assayas, vainqueur de la catégorie "meilleure mini-série ou téléfilm" s'est pourtant trompé "en remerciant l'Académie" !
Les membres de l'HFPA, qui décernent les précieux globes dorés, ont souvent été critiqués pour accepter les faveurs des studios - qui leur accordent un traitement à part du reste de la presse - et les cadeaux des stars qui les cajolent dans l'espoir d'un vote. Les Golden Globes sont remis en pleine campagne des nominations en vue des Oscars et un prix est susceptible de créer un buzz améliorant les chances des candidats.
On sait qu'en 1999 Sharon Stone a envoyé une montre de luxe et gagna pour son rôle dans La Muse, un film médiocre. On parle encore de l'hommage de 1981 à l'actrice Pia Zadora, après une invitation de son riche mari producteur à Las Vegas (le scandale poussa la chaîne CBS à rompre son contrat de diffusion). Dès la fin des années 1960, l'organisme de régulation Federal Communications Commission (FCC) avait émis des doutes sur le déroulement du scrutin et suspendu la retransmission télévisée de la cérémonie. Cette année, c'est la nomination de Johnny Depp et d'Angelina Jolie pour leurs performances dans Le Touriste, échec critique et commercial, qui a surpris.
Dans "The Golden Globes : Hollywood's Dirty Little Secret" ("Golden Globes, le sale petit secret d'Hollywood"), une enquête du magazine télévisé American Journal diffusée en 2003 sur CBS, Vikram Jayanti filmait les placards et pièces réservés aux cadeaux accumulés par une sociétaire de l'HFPA dans sa résidence.
Mise à l'écart
Cette fois, les pratiques de l'association pourraient être déballées devant la justice. Trois jours avant la cérémonie, deux anciens responsables de la communication, Michael Russell et Stephen Locascio, allèguent dans une plainte que les membres "abusent de leurs positions et s'engagent dans des accords et arrangements potentiellement illégaux et en manquement à l'éthique", faisant peser un soupçon de pots-de-vin (payola, en anglais) en échange de votes. Par la voix de son agence de relations publiques, Ken Sunshine, la HFPA a répondu que "ces allégations sont sans fondement et émanant d'un ancien consultant désappointé dont le contrat n'a pas été renouvelé."
Les plaignants disent avoir tenté, en vain, d'alerter le président, Philip Berk, de l'illégalité de certaines activités. Leur mise à l'écart est intervenue après un différend portant sur une campagne caritative et publicitaire impliquant la firme automobile Chrysler. Les plaignants, qui disent agir "dans l'espoir que la Hollywood Foreign Press prenne ces problèmes au sérieux et change ses pratiques afin que ses prix aient une crédibilité", soutiennent que les organisateurs des Golden Globes vendent des places sur le tapis rouge à certains médias. En novembre 2010, la HFPA a attaqué en justice le producteur du show, Dick Clark Productions, l'accusant d'avoir passé des accords contractuels avec le diffuseur sans y être autorisé (un juge fédéral doit statuer sur la validité de la plainte en mars). La chaîne généraliste NBC, qui retransmet la cérémonie depuis 1996 et acquitte 12 millions de dollars de droits (9 millions d'euros), a redonné une visibilité et une crédibilité au globe doré, qu'une controverse de plus pourrait définitivement ternir.
Claudine Mulard
Meilleur réalisateur. David Fincher ;
Meilleur acteur (film dramatique). Colin Firth dans Le Discours d'un roi, de Tom Hooper ;
Meilleure actrice (film dramatique). Natalie Portman dans Black Swan, de Darren Aronofsky ;
Meilleure comédie ou comédie musicale. The Kids Are All Right (Tout va bien !), de Lisa Cholodenko ;
Meilleur film en langue étrangère. Revenge (Danemark), de Susanne Bier ;
Meilleure mini-série ou téléfilm. Carlos (France), d'Olivier Assayas.
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/01/17/les-golden-globes-decernes-sur-fond-de-controverse_1466689_3476.html
Los Angeles Correspondante - Sur la scène de l'Hôtel Beverly Hilton à Beverly Hills (Californie), dimanche 16 janvier, rien n'a filtré de la controverse qui entache la 68e édition des Golden Globes, les prix remis par la Hollywood Foreign Press Association (HFPA) - à l'exception d'une plaisanterie de Ricky Gervais, présentateur de la cérémonie, sur les votants qui acceptent des "pots-de-vin". Et les stars étaient là : Michael Douglas, Steven Spielberg, Jane Fonda, Annette Bening, Warren Beatty, Johnny Depp, Angelina Jolie, Brad Pitt, Nicole Kidman...
Si 6 000 membres de l'Académie votent aux Oscars, les Golden Globes sont attribués par seulement quatre-vingts journalistes publiés dans six continents, qui sont loin de représenter l'ensemble de la presse étrangère couvrant l'industrie du cinéma et Hollywood. Daniel Leconte, producteur du film Carlos, d'Olivier Assayas, vainqueur de la catégorie "meilleure mini-série ou téléfilm" s'est pourtant trompé "en remerciant l'Académie" !
Les membres de l'HFPA, qui décernent les précieux globes dorés, ont souvent été critiqués pour accepter les faveurs des studios - qui leur accordent un traitement à part du reste de la presse - et les cadeaux des stars qui les cajolent dans l'espoir d'un vote. Les Golden Globes sont remis en pleine campagne des nominations en vue des Oscars et un prix est susceptible de créer un buzz améliorant les chances des candidats.
On sait qu'en 1999 Sharon Stone a envoyé une montre de luxe et gagna pour son rôle dans La Muse, un film médiocre. On parle encore de l'hommage de 1981 à l'actrice Pia Zadora, après une invitation de son riche mari producteur à Las Vegas (le scandale poussa la chaîne CBS à rompre son contrat de diffusion). Dès la fin des années 1960, l'organisme de régulation Federal Communications Commission (FCC) avait émis des doutes sur le déroulement du scrutin et suspendu la retransmission télévisée de la cérémonie. Cette année, c'est la nomination de Johnny Depp et d'Angelina Jolie pour leurs performances dans Le Touriste, échec critique et commercial, qui a surpris.
Dans "The Golden Globes : Hollywood's Dirty Little Secret" ("Golden Globes, le sale petit secret d'Hollywood"), une enquête du magazine télévisé American Journal diffusée en 2003 sur CBS, Vikram Jayanti filmait les placards et pièces réservés aux cadeaux accumulés par une sociétaire de l'HFPA dans sa résidence.
Mise à l'écart
Cette fois, les pratiques de l'association pourraient être déballées devant la justice. Trois jours avant la cérémonie, deux anciens responsables de la communication, Michael Russell et Stephen Locascio, allèguent dans une plainte que les membres "abusent de leurs positions et s'engagent dans des accords et arrangements potentiellement illégaux et en manquement à l'éthique", faisant peser un soupçon de pots-de-vin (payola, en anglais) en échange de votes. Par la voix de son agence de relations publiques, Ken Sunshine, la HFPA a répondu que "ces allégations sont sans fondement et émanant d'un ancien consultant désappointé dont le contrat n'a pas été renouvelé."
Les plaignants disent avoir tenté, en vain, d'alerter le président, Philip Berk, de l'illégalité de certaines activités. Leur mise à l'écart est intervenue après un différend portant sur une campagne caritative et publicitaire impliquant la firme automobile Chrysler. Les plaignants, qui disent agir "dans l'espoir que la Hollywood Foreign Press prenne ces problèmes au sérieux et change ses pratiques afin que ses prix aient une crédibilité", soutiennent que les organisateurs des Golden Globes vendent des places sur le tapis rouge à certains médias. En novembre 2010, la HFPA a attaqué en justice le producteur du show, Dick Clark Productions, l'accusant d'avoir passé des accords contractuels avec le diffuseur sans y être autorisé (un juge fédéral doit statuer sur la validité de la plainte en mars). La chaîne généraliste NBC, qui retransmet la cérémonie depuis 1996 et acquitte 12 millions de dollars de droits (9 millions d'euros), a redonné une visibilité et une crédibilité au globe doré, qu'une controverse de plus pourrait définitivement ternir.
Claudine Mulard
Les principaux prix
Meilleur film dramatique. The Social Network, de David Fincher ;Meilleur réalisateur. David Fincher ;
Meilleur acteur (film dramatique). Colin Firth dans Le Discours d'un roi, de Tom Hooper ;
Meilleure actrice (film dramatique). Natalie Portman dans Black Swan, de Darren Aronofsky ;
Meilleure comédie ou comédie musicale. The Kids Are All Right (Tout va bien !), de Lisa Cholodenko ;
Meilleur film en langue étrangère. Revenge (Danemark), de Susanne Bier ;
Meilleure mini-série ou téléfilm. Carlos (France), d'Olivier Assayas.
http://www.lemonde.fr/cinema/article/2011/01/17/les-golden-globes-decernes-sur-fond-de-controverse_1466689_3476.html