ÉTATS-UNIS – Le narcotrafic a une nouvelle héroïne

Courrier international



reina del sur.jpgLa chaîne hispanophone Telemundo fait un carton avec son adaptation de "La Reine du Sud", l’histoire d’une petite Mexicaine devenue reine du trafic de drogue en Europe. Gros plan sur un phénomène autant sociétal que télévisuel.

"Le téléphone sonna et elle sut qu’ils allaient la tuer." L’adaptation télévisée de La Reina del Sur, le roman à succès de l’Espagnol Arturo Pérez-Reverte, s'enclenche sur le même ressort que l’œuvre originale. Un jour, un téléphone sonne dans une villa de Culiacán. Une femme, Teresa Mendoza, apprend la mort de son homme, le Güero Dávila. L’histoire serait banale si elle n’avait pour décor la ville la plus violente du Mexique, dans l’Etat du Sinaloa. Et si la villa en question ne se trouvait dans le quartier de Las Quintas, où ont élu domicile les narcotrafiquants de Culiacán. Le Güero ("le blond", en espagnol mexicain) était un pilote trompe-la-mort comme les cartels les sélectionnent, habile à convoyer de la drogue à bord de son avion Cessna. Il a été abattu, victime d’un règlement de compte. Et Teresa sait qu’elle doit partir loin, tout de suite, car les tueurs des cartels sont déjà à ses trousses pour lui faire la peau. C'est la règle du milieu.



reina_persecucion01_129963117423___484x363.jpgL’histoire serait banale, aussi, si elle ne captivait le public américain. Diffusé le 28 février sur Telemundo, le premier épisode de La Reina del Sur a réuni 2,4 millions de téléspectateurs. Soit le meilleur lancement de l’histoire de la chaîne hispanophone et la meilleure audience de la soirée dans les villes de New York, Miami et Houston, toutes chaînes et langues confondues. Ce n’est pas souvent qu’une fiction en espagnol, même sous-titrée en anglais, caracole ainsi en tête des audiences. Ce succès ne s’est pas démenti au fil des jours, La Reina del Sur étant diffusée du lundi au vendredi en seconde partie de soirée. Une version bis de la série, montée cette fois pour être diffusée à un rythme hebdomadaire, récolte également de belles audiences depuis le 14 mars sur la chaîne espagnole Antena 3, coproductrice du programme.


Obligée de fuir le Sinaloa, Teresa se réfugie au Maroc, dans l’enclave espagnole de Melilla. Au départ comptable dans un bordel local, elle va peu à peu tisser sa toile et devenir "la reine du Sud", le cerveau d’un vaste réseau de transport de drogue en Méditerranée, en cheville avec les mafieux russes et le cartel colombien de Medellin. Le déroulé de ses aventures constitue ce que l’on appelle une narconovela, une fiction qui a pour toile de fonds les cartels de la drogue et leurs ramifications. En roman, en film ou en série télévisée, le genre fait fureur depuis plusieurs années en Amérique latine, triste reflet de l’emprise des narcotrafiquants sur ces sociétés. Et, depuis trois ou quatre ans, il commence à essaimer sur les chaînes de télévision américaines, popularisé justement par Telemundo. Aux Etats-Unis, les narconovelas passionnent les immigrés originaires de Colombie ou du Mexique, familiers des péripéties mises en scène. Elles séduisent aussi un public anglophone de plus en plus large. Des filles dénudées, de la violence, des armes : le cocktail a déjà fait ses preuves. De toute façon, les cartels de drogue font également partie de la réalité nord-américaine. Ils n’ont pas attendu pour traverser la frontière mexicaine et défrayer la chronique  par leurs exactions.
Avec La Reina del Sur, Telemundo lance sa première narconovela originale, non achetée ou adaptée d’une série latino-américaine déjà existante. Il s’agit d’une production ambitieuse, qui a nécessité sept mois de tournage sur trois continents (Afrique du Nord, Europe, Amérique latine), en haute définition s’il vous plaît. Nous aurons bientôt l’occasion d’y revenir.


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